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les mille nuits et une nuit

affaires de vente et d’achat de l’ancienne boutique de Kassim, dit à son père, en rentrant du souk : « O mon père, je ne sais comment faire pour rendre à mon voisin, le marchand Hussein, toutes les honnêtetés dont il ne cesse de me combler, depuis sa récente installation dans notre souk. Voilà déjà cinq fois que j’ai accepté, sans le payer de retour, de partager son repas de midi. Or, je voudrais bien, ô père, le régaler, ne fût-ce qu’une seule fois, quitte à le dédommager par la somptuosité du festin, en cette unique fois, de toutes ses dépenses en mon honneur. Car tu conviens avec moi qu’il ne serait point bienséant de différer davantage à lui rendre les prévenances dont il a usé à mon égard ! » Et Ali Baba répondit : « Certes, ô mon fils, c’est le plus usuel des devoirs. Et tu aurais dû déjà m’y faire penser plus tôt ! Or précisément c’est demain vendredi, le jour du repos, et tu en profiteras pour inviter le hagg Hussein, ton voisin, à venir partager avec nous le pain et le sel du soir. Et s’il cherche des échappatoires, par discrétion, ne crains pas d’insister et de l’amener à notre maison, où j’espère qu’il trouvera un régal pas trop indigne de sa générosité. »

Et, en effet, le lendemain, le fils d’Ali Baba, après la prière, invita hagg Hussein, le marchand nouvellement établi dans le souk, à l’accompagner pour faire une partie de promenade. Et il dirigea sa promenade, en compagnie de son voisin, précisément du côté du quartier où se trouvait leur demeure. Et Ali Baba, qui les attendait sur le seuil, s’avança au-devant d’eux, le visage souriant, et, après les salams et les souhaits réciproques, il exprima à hagg