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les mille nuits et une nuit

… car Ali Baba en personne était assis sur le seuil qui prenait tranquillement le frais, avant la prière du soir. Et le chef des voleurs se hâta d’arrêter les chevaux, s’avança entre les mains d’Ali Baba et lui dit, après les salams et compliments : « Ô mon maître, ton esclave est marchand d’huile et ne sait où aller loger, cette nuit, dans une ville où il ne connaît personne. Il espère donc de ta générosité que, pour Allah, tu lui accorderas l’hospitalité jusqu’à demain matin, à lui et à ses bêtes, dans la cour de ta maison ! »

En entendant cette demande, Ali Baba se souvint du temps où il était pauvre et souffrait de l’inclémence du temps, et son cœur s’émut aussitôt. Et, loin de reconnaître le chef des voleurs qu’il avait naguère vu et entendu dans la forêt, il se leva en son honneur et lui répondit : « Ô marchand d’huile, mon frère, que la demeure te soit reposante, et puisses-tu y trouver aisance et famille. Sois le bienvenu ! » Et, ce disant, il le prit par la main et l’introduisit, avec ses chevaux, dans la cour. Et il appela Morgane et un autre esclave, et leur donna l’ordre d’aider l’hôte d’Allah à décharger les jarres et de donner à manger aux bêtes. Et quand les jarres furent rangées en bon ordre au fond de la cour, et les chevaux attachés le long du mur avec, au cou de chacun, un sac rempli d’orge et d’avoine, Ali Baba, toujours plein d’empressement et d’affabilité, reprit la main de son hôte et le conduisit à l’intérieur de sa maison, où il le fit asseoir à la place d’honneur, et s’assit lui-même à ses côtés, pour prendre le repas du soir. Et, après qu’ils eurent tous deux mangé et