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histoire d’ali baba…
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chef, il entra en ville, se mit en rapport avec cheikh Mustapha, se fit conduire devant la maison présumée être la maison aux six quartiers cousus, et fit une marque rouge sur la porte, dans un endroit peu apparent. Puis il retournai la caverne. Mais il ne savait pas qu’une tête marquée pour le saut fatal ne peut que faire le saut même et non pas un autre.

En effet, quand les voleurs, guidés par leur camarade, furent arrivés dans la rue d’Ali Baba, ils trouvèrent toutes les portes marquées du signe rouge, exactement au même endroit. Car la fine Morgane, se doutant de quelque chose, avait pris ses précautions, comme la première fois. Et au retour à la caverne, le guide dut subir, quant à sa tête, le même sort que son prédécesseur. Mais cela ne contribua guère à éclairer les voleurs sur l’affaire, et ne servit qu’à diminuer la troupe des deux gaillards les plus courageux.

Aussi, quand le chef eut réfléchi sur la situation pendant un bon moment, il releva la tête et se dit : « Désormais je ne m’en rapporterai qu’à moi-même ! » Et il partit tout seul pour la ville.

Or, il ne fit pas comme les autres. Car, lorsqu’il se fut fait indiquer la maison d’Ali Baba par cheikh Mustapha, il ne perdit pas son temps à en marquer la porte de craie rouge, blanche ou bleue, mais il la considéra attentivement pour en bien fixer l’emplacement dans sa mémoire, vu que du dehors elle avait la même apparence que toutes les maisons voisines. Et, une fois son examen terminé, il retourna à la forêt, rassembla les trente-sept voleurs survivants, et leur dit : « L’auteur du dommage qui