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histoire de gerbe-de-perles
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« N’est-ce pas, ya Abou’l Hassân, que tu as dû te dire en ton esprit, pensant à moi : « Quelle sorte de rouée n’est-elle point celle-là qui a pris ce qu’elle a pris, pour détaler ! » Mais je répondis : « Le nom d’Allah sur toi et autour de toi, ô ma souveraine ! Tu n’as fait que prendre ce qui t’appartenait, puisque tout ici est ta propriété, le contenant avec le contenu ! Quant à ton esclave, son âme n’est pas à lui depuis ta venue, et se trouve comprise avec le lot d’objets sans valeur de cette boutique ! » Et la jeune fille, entendant cela, releva son petit voile de visage, et se pencha, rose sur la tige du lys, et s’assit en riant, avec un bruit de bracelets et de soieries. Et avec elle, dans la boutique, entra l’odeur baumifiante de tous les jardins.

Puis elle me dit : « Puisqu’il en est ainsi, ya Abou’l Hassân, compte-moi cinq cents dinars ! » Et je répondis : « J’écoute et j’obéis ! » Et, ayant fait peser les cinq cents dinars, je les lui donnai. Et elle les prit, et s’en alla. Et ce fut tout. Et moi, comme la veille, je continuai à me sentir le prisonnier de ses charmes, et le captif de sa beauté. Et, ne sachant quel sortilège m’avait si complètement rendu sans pensée ni raisonnement, je ne pouvais me résoudre à prendre un parti ou à faire un effort pour me tirer de l’état d’hébétude où j’étais plongé.

Mais, comme, le jour suivant, j’étais plus que jamais dans la pâleur et l’inactivité, elle apparut en face de moi, avec ses longs yeux de flamme et de ténèbres et son sourire affolant. Et cette fois, sans prononcer une parole, elle mit le doigt sur un carré