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histoire d’ali baba…
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béni, une femme de bien. Et voilà pour elle !

Quant à Ali Baba, qui avait réussi, par ce moyen, à empêcher les cris perçants et la divulgation du secret, il laissa sa nouvelle épouse entre les mains de son ancienne épouse, et descendit rejoindre la jeune Morgane.

Or, il la trouva qui rentrait d’une course au dehors. Car Morgane n’avait pas perdu son temps, et avait déjà combiné tout un plan de conduite, en cette circonstance difficile. Elle était, en effet, allée à la boutique du marchand de drogues, qui habitait en face, et lui avait demandé d’une sorte de thériaque spécifique pour la guérison des maladies mortelles. Et le marchand lui avait donné de cette thériaque-là, pour l’argent qu’elle avait présenté, mais non sans lui avoir au préalable demandé qui était malade dans la maison de son maître. Et Morgane avait répondu, en soupirant : « Ô notre calamité ! le mal rouge tient le frère de mon maître Ali Baba, qui a été transporté chez nous pour être mieux soigné. Mais personne ne comprend rien à sa maladie ! Il est immobile, avec un visage de safran ; il est muet ; il est aveugle ; et il est sourd ! Puisse cette thériaque, ô cheikh, le tirer de sa mauvaise posture ! » Et, ayant ainsi parlé, elle avait emporté la thériaque en question, dont, en réalité, Kassim ne pouvait plus guère faire usage, et elle était venue rejoindre son maître Ali Baba…

— À ce moment de sa narration, Schahrazade vit apparaître le matin et, discrète, se tut.