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histoire d’ali baba…
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chages. Puis il se dit que, puisqu’il était là, il valait tout autant profiter de l’occasion pour prendre quelques sacs d’or, pour ne pas laisser ses ânes s’en retourner le bât à nu. Il chargea donc les deux autres ânes de sacs pleins d’or, avec du bois et des feuillages par-dessus, comme la première fois. Et, après qu’il eut commandé à la porte rocheuse de se refermer, il reprit le chemin de la ville, en déplorant en son âme la triste fin de son frère.

Or, dès qu’il fut arrivé dans la cour de sa maison, Ali Baba appela, pour l’aider à décharger les ânes, l’esclave Morgane. Or, Morgane était une jeune fille qu’Ali Baba et son épouse avaient recueillie enfant, et élevée avec les mêmes soins et la même sollicitude que s’ils avaient été ses propres parents. Et elle avait grandi dans leur maison, aidant sa mère adoptive dans le ménage et faisant le travail de dix personnes. Avec cela, elle était agréable, douce, adroite, entendue et féconde en inventions pour résoudre les questions les plus ardues et faire réussir les choses les plus difficiles.

Aussi, dès qu’elle fut descendue, elle commença par baiser la main de son père adoptif et lui souhaita la bienvenue, comme elle avait coutume de le faire chaque fois qu’il rentrait à la maison. Et Ali Baba lui dit : « Ô Morgane, ma fille, c’est aujourd’hui que ta finesse, ton dévouement et ta discrétion vont me donner leur preuve ! » Et il lui raconta la fin funeste de son frère et ajouta : « Et maintenant il est là, en six quartiers, sur le troisième âne. Et il faut, pendant que je vais monter annoncer la funèbre nouvelle à sa pauvre veuve, que tu songes au moyen de