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les mille nuits et une nuit

rangés près de la sortie, les sacs qu’avait préparés Kassim. Et ils se hâtèrent de les vider là où ils avaient été remplis, et ne s’aperçurent pas de la quantité qui manquait et qu’avait emportée Ali Baba. Puis ils s’assirent en rond pour tenir conseil, et délibérèrent longuement sur l’événement. Mais dans l’ignorance où ils étaient d’avoir été épiés par Ali Baba, ils ne purent arriver à comprendre comment on avait pu s’introduire chez eux, et se refusèrent à réfléchir plus longtemps sur un pourquoi qui n’avait pas de parce que. Et ils préférèrent, après avoir déchargé leurs nouvelles acquisitions et pris quelque repos, sortir de leur caverne et remonter à cheval, pour aller couper les routes et razzier les caravanes. Car c’étaient des hommes actifs, qui n’aimaient pas les longs discours et les palabres. Mais on les retrouvera quand le moment sera venu.

Or, pour ce qui est de la suite de tout cela, voici. Et d’abord l’épouse de Kassim ! Ab, cette maudite-là, ce fut elle la cause de la mort de son mari, qui d’ailleurs méritait bien sa fin ! Car c’était la perfidie de cette femme inventrice du suif colleur qui avait été le point de départ de l’égorgement final. Aussi, ne doutant pas qu’il dût bientôt être de retour, elle avait préparé un repas spécial pour le fêter. Mais quand elle vit que la nuit était venue et qu’il n’y avait ni Kassim, ni ombre de Kassim, ni odeur de Kassim, elle fut extrêmement alarmée, non point qu’elle l’aimât outre mesure, mais parce qu’il était nécessaire à sa vie et à sa cupidité. Aussi, quand son inquiétude fut à ses limites extrêmes, elle se décida à aller trouver Ali Baba, elle qui jamais jusque-là