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histoire d’ali baba…
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à terre, et commencèrent à tourner tout autour du rocher pour trouver l’homme à qui pouvaient appartenir les mulets. Mais comme leurs recherches n’aboutissaient à rien, le chef se décida à pénétrer dans la caverne. Il leva donc son sabre vers la porte invisible, en prononçant la formule, et le rocher se divisa en deux moitiés qui glissèrent en sens inverse.

Or, l’enfermé Kassim, qui avait entendu les chevaux et les exclamations de surprise et de colère des brigands voleurs, ne douta pas de sa perte sans recours. Toutefois, comme son âme lui était chère, il voulut tenter de la sauvegarder. Et il se blottit dans un coin, prêt à se jeter dehors au premier moment. Aussi, dès que le mot de « sésame » eut été prononcé et qu’il l’eut entendu, en maudissant sa courte mémoire, et dès qu’il vit l’ouverture se faire, il s’élança au dehors comme un bélier, tête basse, et si violemment et avec si peu de discernement, qu’il heurta le chef même des quarante, qui tomba tout de son long sur le sol. Mais, dans sa chute, le terrible géant entraîna Kassim avec lui, et lui enfonça une main dans la bouche et une autre dans le ventre. Et, au même moment, les autres brigands, venant à la rescousse, saisirent tout ce qu’ils purent saisir de l’agresseur, du violateur, et coupèrent avec leurs sabres tout ce qu’ils saisirent. Et c’est ainsi, qu’en moins d’un clin d’œil, Kassim fut partagé en jambes, bras, tête et tronc, et expira son âme avant de se consulter. Car telle était sa destinée. Et voilà pour lui !

Quant aux voleurs, dès qu’ils eurent essuyé leurs sabres, ils entrèrent dans leur caverne et trouvèrent,