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les mille nuits et une nuit

fermeture. Or, il ne savait pas ce qui l’y attendait !

Et d’abord ce fut un éblouissement, à la vue de tant de richesses accumulées, d’or par monceaux et de joyaux entassés. Et le désir lui vint plus intense d’être le maître de ce fabuleux trésor. Et il vit bien qu’il lui faudrait pour emporter tout cela non seulement une caravane de chameaux, mais tous les chameaux réunis qui voyagent des confins de la Chine jusqu’aux frontières de l’Irân. Et il se dit que la prochaine fois il prendrait les mesures nécessaires pour organiser une véritable expédition à butin, se contentant cette fois de remplir d’or monnayé autant de sacs que pouvaient en porter ses dix mulets. Et, ce travail achevé, il revint vers la galerie qui aboutissait au rocher de fermeture, et s’écria :

« Orge, ouvre-toi ! »

Car l’ébloui Kassim, l’esprit entièrement pris par la découverte de ce trésor, avait tout à fait oublié le mot qu’il fallait dire. Et il en fut ainsi pour sa perdition sans recours. Il dit donc à plusieurs reprises : « Orge, ouvre-toi ! Orge, ouvre-toi ! » Mais le rocher resta fermé. Alors il dit :

« Avoine, ouvre-toi ! »

Et le rocher ne bougea pas.

Alors il dit :

« Fève, ouvre-toi ! »

Mais aucune fissure ne se produisit.

Et Kassim commença à perdre patience, et cria, tout d’une haleine :

« Seigle, ouvre-toi ! — Millet, ouvre-toi ! — Pois chiche, ouvre-toi ! — Maïs, ouvre-toi ! — Sarrasin,