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histoire d’ali baba…
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Alors le bon Ali Baba, songeant au sort de sa femme et de ses enfants, en cas de dénonciation, et poussé encore plus par son naturel accommodant que par la peur des menaces d’un frère à l’âme barbare, lui révéla les trois mots de la formule magique, tant pour l’ouverture des portes que pour leur fermeture. Et Kassim, sans même lui dire une parole de remercîment, le quitta brusquement, résolu à aller s’emparer tout seul du trésor de la caverne.

Donc, le lendemain, avant l’aurore, il partit vers la forêt, en poussant devant lui dix mulets chargés de grands coffres qu’il se proposait de remplir du produit de sa première expédition. D’ailleurs il se réservait, une fois qu’il se serait bien rendu compte des provisions et des richesses accumulées dans la grotte, de faire un second voyage avec un plus grand nombre de mulets et même, s’il le fallait, avec tout un convoi de chameaux. Et il suivit, en tous points, les indications d’Ali Baba qui avait poussé la bonté jusqu’à se proposer comme guide, mais qui s’était vu écarter durement par les deux paires d’yeux soupçonneux de Kassim et de son épouse, la résultante de l’entremise.

Et il arriva bientôt au pied du rocher qu’il reconnut, entre tous les rochers, à son aspect entièrement lisse et à son sommet surmonté d’un grand arbre. Et il leva ses deux bras vers le rocher et dit : « Sésame, ouvre-toi ! » Et le rocher se fendit soudain par le milieu. Et Kassim, qui avait déjà attaché des mulets aux arbres, pénétra dans la caverne dont l’ouverture se reboucha aussitôt sur lui, grâce à la formule de