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les mille nuits et une nuit

dant de travers : « Combien de mesures de dinars semblables à celui-ci as-tu dans ton grenier, ô fourbe ? Et où as-tu volé tant d’or, dis, ô honte de notre maison ? » Puis, en quelques mots, il lui révéla comment son épouse avait enduit de suif le dessous de la mesure qu’elle leur avait prêtée, et comment cette pièce d’or s’y était trouvée attachée.

Lorsqu’Ali Baba eut entendu ces paroles de son frère, il comprit que la faute était faite et ne pouvait se réparer. Aussi, sans se faire poser un plus long interrogatoire, et sans donner à son frère le moindre signe d’étonnement ou de chagrin, de se voir découvert, il dit : « Allah est généreux, ô mon frère ! Il nous envoie Ses dons même avant leur désir ! Qu’il soit exalté ! » Et il lui raconta, dans tous ses détails, son aventure dans la forêt, sans toutefois lui révéler la formule magique. Et il ajouta : « Nous sommes, ô mon frère, les fils du même père et de la même mère. C’est pourquoi tout ce qui m’appartient t’appartient, et je veux, si tu me fais la grâce de l’accepter, t’offrir la moitié de l’or que j’ai rapporté de la caverne ! »

Mais le méchant Kassim, dont l’avidité égalait la noirceur, répondit : « Certes ! c’est bien ainsi que je l’entends. Mais je veux également savoir comment je pourrais entrer moi-même dans le rocher, s’il m’en prenait envie. Et ne t’avise pas surtout de me tromper à ce sujet, autrement je vais de ce pas te dénoncer à la justice comme le complice des voleurs. Et tu ne pourras que perdre à cette combinaison-là ! »