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les mille nuits et une nuit

riche, et tu te félicites tous les jours d’avoir boutique et clients, alors que ton frère n’a que trois ânes pour tout lot ! Détrompe-toi, ô cheikh ! Car Ali Baba, ce fagoteur, ce ventre creux, ce rien du tout, ne se contente pas de compter son or comme toi, lui : il le mesure ! Par Allah ! il le mesure, comme fait le grainetier de son grain ! »

Et, dans un orage de paroles, de cris et de vociférations, elle le mit au courant de l’affaire, et lui expliqua de quel stratagème elle s’était servie pour faire la stupéfiante découverte de la richesse d’Ali Baba. Et elle ajouta : « Ça n’est pas tout ça, ô cheikh ! À toi maintenant de découvrir la source de la fortune de ton misérable frère, cet hypocrite maudit qui feint la pauvreté et manie l’or par mesures et par brassées ! »

En entendant ces paroles de son épouse, Kassim ne douta pas de la réalité de la fortune de son frère. Et loin de se trouver heureux de savoir le fils de son père et de sa mère à l’abri désormais de tout besoin, et de se réjouir de son bonheur, il en conçut une jalousie bilieuse et sentit éclater de dépit sa poche à fiel…

— À ce moment de sa narration, Schahrazade vit apparaître le matin et, discrète, se tut.

MAIS LORSQUE FUT
LA HUIT CENT CINQUANTE-QUATRIÈME NUIT

Elle dit :