Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 13, trad Mardrus, 1903.djvu/283

Cette page a été validée par deux contributeurs.
histoire d’ali baba…
275

mettre sur la route de si puissants seigneurs ! » Donc, ayant ainsi réfléchi, Ali Baba se contenta simplement de suivre de l’œil les redoutables cavaliers jusqu’à ce qu’il les eût perdus de vue. Et ce ne fut que bien longtemps après qu’ils eurent disparu, et que toute la forêt fut rentrée dans un silence rassurant, qu’il se décida enfin à descendre de son arbre, et encore avec mille précautions, et en se retournant à droite et à gauche au fur et à mesure qu’il quittait une branche élevée pour une branche plus basse.

Lorsqu’il fut à terre, Ali Baba s’avança vers le rocher en question, mais tout doucement et sur la pointe des pieds, en retenant sa respiration. Et il aurait bien voulu auparavant aller revoir ses ânes et se tranquilliser à leur sujet, vu qu’ils étaient toute sa fortune et le pain de ses enfants, mais une curiosité sans précédent s’était allumée dans son cœur de tout ce qu’il avait vu et entendu du haut de son arbre. Et d’ailleurs c’était sa destinée qui le poussait invinciblement vers cette aventure-là.

Or, arrivé devant le rocher, Ali Baba l’inspecta de haut en bas, et le trouva lisse et sans une anfractuosité où aurait pu se glisser la pointe d’une aiguille. Et il se dit : « C’est pourtant là-dedans que sont entrés les quarante, et c’est bien avec mon propre œil que je les ai vus disparaître là-dedans ! Ya Allah ! Quelle subtilité ! Et qui sait ce qu’ils sont entrés faire dans cette caverne défendue par toutes sortes de talismans dont j’ignore le premier mot ! » Puis il pensa : « Par Allah ! j’ai pourtant bien retenu la formule d’ouverture et la formule de fermeture ! Si je les essayais un peu, pour voir seulement si dans