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les mille nuits et une nuit

gieusement, et se dit : « Pourvu que, par leur science de la sorcellerie, ils ne découvrent pas ma retraite et ne fassent alors entrer ma longueur dans ma largeur ! » Et il se garda bien de faire le moindre mouvement, malgré toute l’inquiétude qui le travaillait au sujet de ses ânes, qui continuaient à s’ébattre librement dans le fourré.

Quant aux quarante voleurs, après un séjour assez prolongé dans la caverne où Ali Baba les avait vus s’engouffrer, ils donnèrent quelque signe de leur réapparition par un bruit souterrain semblable à quelque tonnerre lointain. Et le rocher finit enfin par se rouvrir et laisser sortir les quarante, avec leur chef en tête, et tenant à la main leurs bissacs vides. Et chacun d’eux retourna à son cheval, le rebrida, et sauta dessus, après avoir fixé le bissac sur la selle. Et le chef se tourna alors vers l’ouverture de la caverne et prononça à haute voix la formule : « Sésame, referme-toi ! » Et les deux moitiés du rocher se rejoignirent et se soudèrent sans aucune trace de séparation. Et tous reprirent, avec leur mine de goudron et leurs barbes de cochons, le chemin par où ils étaient venus. Et voilà pour eux.

Mais pour ce qui est d’Ali Baba, la prudence, qui lui était échue en partage parmi les dons d’Allah, fit qu’il resta encore dans sa cachette, malgré tout le désir qu’il avait d’aller rejoindre ses ânes. Car il se dit : « Ces terribles brigands voleurs peuvent bien, ayant oublié quelque chose dans leur caverne, revenir sur leurs pas à l’improviste et me surprendre ici même. Et c’est alors, ya Ali Baba, que tu verras ce qu’il en coûte à un pauvre diable comme toi de se