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les mille nuits et une nuit

d’un grand et gros arbre qui s’élevait au sommet d’un petit monticule et qui dominait toute la forêt. Et il put, ainsi posté et caché entre les branches, examiner quelle pouvait bien être l’affaire.

Or, il fit bien !

Car il était à peine là, qu’il aperçut une troupe de cavaliers armés terriblement qui, d’un bon train, s’avançaient du côté où il se trouvait. Et à leur mine noire, à leurs yeux de cuivre neuf et à leurs barbes séparées férocement par le milieu en deux ailes de corbeau de proie, il ne douta pas qu’ils ne fussent des brigands voleurs, coupeurs de routes, de la plus détestable espèce.

Ce en quoi Ali Baba ne se trompait pas.

Quand donc ils furent tout près du monticule rocheux où Ali Baba, invisible mais voyant, était perché, ils mirent pied à terre sur un signe de leur chef, un géant, débridèrent leurs chevaux, leur passèrent au cou, à chacun, un sac à fourrage plein d’orge, qui était placé sur la croupe, derrière la selle, et les attachèrent par le licou aux arbres avoisinants. Après quoi ils défirent les bissacs, et les chargèrent sur leurs propres épaules. Et comme ces bissacs étaient très lourds, les brigands marchaient courbés sous leur poids.

Et tous défilèrent en bon ordre au-dessous d’Ali Baba, qui put aisément les compter et trouver qu’ils étaient au nombre de quarante : pas un de plus, pas un de moins…

— À ce moment de sa narration, Schahrazade vil apparaître le matin et, discrète, se tut.