Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 13, trad Mardrus, 1903.djvu/264

Cette page a été validée par deux contributeurs.
256
les mille nuits et une nuit

Et il n’y avait pas une heure de temps qu’il était dans sa cachette, que voici ! Il vit entrer un homme qu’il reconnut aussitôt pour le vendeur de cannes à sucre, établi en face de sa maison. Et il tenait à la main une canne à sucre de choix. Et il vit, au même moment, son épouse venir au-devant de lui, en se balançant, et lui dire, en riant : « C’est là tout ce que tu m’apportes en fait de cannes à sucre, ô père des cannes à sucre ? » Et l’homme dit : « Ô ma maîtresse, la canne à sucre que tu vois n’est rien, comparée à celle que tu ne vois pas ! » Et elle lui dit : « Donne ! donne ! » Et il dit : « Voici ! voici ! » Puis il ajouta : « Oui, mais où est l’entremetteur de mon cul, ton mari l’astronome ? » Elle dit : « Qu’Allah lui casse les jambes et les bras ! Il est parti pour un voyage de quatre jours ou peut-être six ! Puisse-t-il être enterré sous la chute d’un minaret ! » Et ils se mirent tous deux à rire ensemble. Et l’homme sortit sa canne à sucre et la donna à l’adolescente qui sut l’éplucher et la presser et en faire ce qu’on fait, en pareil cas, de toutes les cannes à sucre de cette espèce-là. Et il l’embrassa, et elle l’embrassa, et il l’accola, et elle aussi l’accola, et il la chargea d’une charge pesante et sans merci. Et il se réjouit de ses charmes, jusqu’à ce qu’il en eût pris son plein. Alors il la quitta et s’en alla en sa voie.

Tout cela ! Et l’astronome voyait et entendait. Et voici qu’au bout de quelques instants, il vit entrer un second homme qu’il reconnut pour le marchand de volailles du quartier. Et l’adolescente vint au-devant de lui, en faisant mouvoir ses hanches, et