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les mille nuits et une nuit

raison est péremptoire, et je dois la croire, et suis bien heureux de te revoir. » Et telle est mon histoire, ô roi plein de gloire ! »

Lorsque le roi eut entendu cette histoire du pâtissier, il se mit à rire tellement qu’il se renversa sur son derrière. Mais le bouffon s’écria : « Le cas du kaïem-makam est moins énorme que le mien ! Et cette histoire est moins extraordinaire que mon histoire. » Alors le roi se tourna vers le pâtissier et lui dit : « Puisqu’ainsi le juge l’offensé, je ne puis t’accorder, ô crapule, que la grâce d’un seul testicule. » Et le bouffon, qui triomphait et se vengeait de la sorte, dit sententieusement : » C’est le juste châtiment et la férule des crapules qui manipulent et copulent le monticule d’une mule qui cumule sans scrupule pour faire boucher son cul. » Puis il ajouta : « Ô roi du temps, accorde-lui, tout de même, la grâce du second testicule ! »

Et, à ce moment, s’avança le second fornicateur, qui était le marchand de légumes ; et il embrassa la terre entre les mains du sultan, et dit : « Ô grand roi, ô le plus généreux des rois, m’accorderas-tu la grâce de ce que tu sais, si tu es émerveillé de mon histoire ? » Et le roi se tourna vers le bouffon, qui donna par signes son consentement. Et le roi dit au marchand de légumes : « Si elle est merveilleuse, je t’accorderai ce que tu demandes ! »

Alors le marchand de légumes, qui avait passé pour Khizr le prophète vert, dit :