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les mille nuits et une nuit

bua, sans plus de façons, du consentement du propriétaire. Et, en longueur et en largeur, cela s’adaptait excellemment, mieux même qu’une marchandise commandée sur mesure. Et c’est pourquoi elle appréciait si vivement le propriétaire de la marchandise. Et c’est ce qui explique comment, sans éprouver un moment de lassitude, elle la manipula et la travailla jusqu’au soir, et ne la laissa que lorsqu’elle ne vit plus assez pour enfiler le fil dans l’aiguille.

Alors ils se levèrent tous deux ; et le saïss fit enfourcher l’âne par l’adolescente. Et ils se rendirent tous ensemble à la maison du saïss, où, après avoir donné sa ration à l’âne, ils se hâtèrent d’aller se mettre en posture de prendre eux-mêmes leur ration. Et ils se rationnèrent mutuellement, jusqu’à satiété, et s’endormirent une heure de temps. Après quoi, ils se réveillèrent pour calmer de nouveau leur fringale, et ne cessèrent qu’avec le matin. Mais ce fut pour se lever et aller ensemble au jardin, et recommencer les manipulations de la veille et les mêmes amusements.

Et pendant trois jours ils agirent de la sorte, sans répit ni repos, faisant tourner la roue par l’eau, et ronfler sans arrêt le fuseau du jouvenceau, et téter sa mère par l’agneau, et entrer le doigt dans l’anneau, et reposer l’enfant dans son berceau, et s’embrasser les deux jumeaux, et serrer le clou par l’étau, et avancer le cou du chameau, et becqueter la moinelle par le moineau, et pépier dans son nid tout chaud le bel oiseau, et se gorger de grain le pigeonneau, et brouter le lapereau, et ruminer le veau, et sauter le chevreau, et s’appliquer la peau sur la peau, jusqu’à