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la malice des épouses
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ter, en cadeau à une telle, cette belle peau apprêtée avec les cornes, qui lui fera un tapis moelleux. Et, comme elle est pleine d’agréments, elle te rendra cette matinée plus blanche que de coutume. » Et elle répondit : « Entre alors ! » Et elle fut pour lui plus tendre que la queue d’un mouton de la variété grasse, et il lui donna ce que donne le bélier à la brebis. Et ils n’avaient pas encore fini de prendre et de donner, qu’ils entendirent frapper à la porte. Et elle lui dit : « Allons, et vite ! prends ta peau à cornes, et va te cacher dans les cabinets ! » Et il fit ce qu’elle lui disait. Et il trouva les cabinets occupés déjà par le pâtissier et le marchand de légumes ; et il leur jeta le salam, et ils lui rendirent son salam ; et il leur demanda : « Quel est le motif de votre présence ici ? » Et ils répondirent : « Le même que pour toi ! » Alors il se rangea à côté d’eux, dans les cabinets.

Cependant la femme, étant allée ouvrir, vit devant elle son quatrième ami, le chef-clarinette de la musique du sultan. Et elle le fit entrer en lui disant : « En vérité, tu arrives de meilleure heure que d’habitude, ce matin. » Et il répondit : « Par Allah ! c’est toi qui as raison. Mais ce matin, étant sorti pour aller instruire les musiciens du sultan, je m’aperçus que l’heure était encore trop matinale, et je dis à moi-même : « Ô un tel, tu feras bien d’aller attendre l’heure de la leçon chez une telle, qui est charmante et te fera passer le plus délicieux des moments. » Et elle répondit : « Le calcul est excellent. » Et ils jouèrent de la clarinette ; et ils n’avaient pas encore fini le premier air de la chanson, qu’ils entendirent