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les mille nuits et une nuit

le khalifat reprit : « Et sais-tu qui je suis ? » Et l’hôte répondit, plus pâle encore : « Non, par Allah ! je n’ai point cet honneur, ô mon maître ! »

Alors Ibn-Hamdoun, sentant combien la situation devenait pénible, se leva et dit au jeune homme : « Ô notre hôte, tu es en présence de l’émir des Croyants, le khalifat Al-Môtazid Bi’llah, petit-fils d’Al-Môtawakkil Ala’llah. »

En entendant ces paroles, le maître du lieu se leva à son tour, à la limite de l’émotion, et embrassa la terre entre les mains du khalifat, en tremblant, et dit : « Ô émir des Croyants, je te conjure par les vertus de tes pieux ancêtres les méritants, de pardonner à ton esclave les torts qu’il a pu avoir, à son insu, envers ton auguste personne, ou le manque de politesse dont il a pu se rendre fautif, ou le manque d’égards, ou le manque de générosité, sans aucun doute ! » Et le khalifat répondit : « Ô homme, je n’ai à te reprocher aucun manquement de ce genre. Tu as fait preuve, au contraire, à notre égard, d’une générosité que t’envieraient les plus munificents parmi les rois. Mais si je t’ai interrogé, c’est qu’apparemment une cause fort grave m’y a poussé soudain, alors que je ne songeais qu’à te remercier pour tout ce que j’avais vu de beau dans ta maison ! » Et l’hôte, bouleversé, dit : « Ô mon maître souverain, de grâce ! ne fais point peser ta colère sur ton esclave, sans l’avoir convaincu de son crime ! » Et le khalifat dit : « J’ai remarqué tout d’un coup, ô homme, que tout dans cette maison, depuis les meubles jusqu’aux habits mêmes que tu as sur toi, porte le nom de mon grand-père Al-Môtawakkil