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paroles sous les 99 têtes coupées
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flot des assistants se mut avec lui. Et des milliers de personnes l’escortèrent qui avaient fermé leurs boutiques et délaissé leurs occupations pour le suivre. Et il s’avança de la sorte sur le chemin qui conduisait à sa destinée.

Et il arriva bientôt en vue de la tour, et aperçut, sur la terrasse de cette tour, la princesse qui était assise sur son trône, revêtue de la pourpre royale, et entourée de ses esclaves adolescentes, habillées de pourpre, comme elle. Et on ne distinguait du visage de la princesse, également couvert d’un voile rouge, que deux gemmes sombres qui étaient les yeux, pareils à deux lacs noirs éclairés par en dedans. Et, tout autour de la terrasse, pendues à égale distance les unes des autres, au-dessous de la princesse, les quatre-vingt-dix-neuf têtes coupées se balançaient.

Alors l’adolescent princier arrêta son cheval à quelque distance de la tour, de façon à voir la princesse et à être vu d’elle, à entendre et à être entendu. Et, à ce spectacle, tout le tumulte de la foule tomba. Et, au milieu de ce silence, la voix de la princesse se fit entendre qui disait : « Puisque tu es le centième, ô téméraire jeune homme, tu dois, sans doute, être prêt à répondre à mes questions ? » Et l’adolescent, fièrement dressé sur son cheval, répondit : « Je suis prêt, ô princesse ! »

Et le silence se fit plus complet, et la princesse dit : « Commence alors par me dire, sans hésiter, ô jeune homme, après avoir jeté les yeux sur moi et sur celles qui m’entourent, à qui je ressemble et à qui elles ressemblent, assises au haut de la tour ! »

Et l’adolescent, après avoir jeté les yeux sur la