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les mille nuits et une nuit

jamais henni sous l’œil du soleil, un alezan brûlé aux naseaux palpitants, aux yeux à fleur de tête, qui humait l’air et frappait le sol, prêt à la course et au vol. Et il fit sortir des magasins et remettre à l’adolescent, qui s’en vêtit sur le champ, le plus bel équipement que cavalier ait jamais revêtu dans un tournoi de combattants. Et le nouveau cavalier en parut si beau que le roi s’écria : « Si tu veux rester près de moi, ô cavalier, je te comblerai de bienfaits ! » Et l’adolescent dit : « Qu’Allah augmente le reste de tes jours, ô roi du temps ! Mais ma destinée ne se trouve pas ici. Et il faut que j’aille la trouver là où elle m’attend. »

Et, ayant ainsi parlé, il fit ses adieux à ses parents, prit congé du roi, et partit au galop de son alezan. Et il traversa les plaines et les déserts, les fleuves et les torrents, et ne cessa de voyager que lorsqu’il fut arrivé en vue d’une autre ville, plus grande et mieux bâtie que la première.

Or, dès qu’il fut entré dans cette ville, un murmure étrange s’éleva sur son passage, et des exclamations de surprise et de pitié accueillirent chacun de ses pas. Et il entendait les uns qui disaient : « Quel dommage pour sa jeunesse ! Pourquoi un si beau cavalier vient-il s’exposer à la mort, sans motif ? » Et d’autres disaient : « Il sera le centième ! il sera le centième ! C’est le plus beau de tous ! C’est un fils de roi ! » Et d’autres disaient : « Un si tendre adolescent ne pourra pas réussir là où tant de savants ont échoué ! » Et le murmure et les exclamations ne firent qu’augmenter, à mesure qu’il s’avançait dans les rues de la ville. Et l’attroupe-