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paroles sous les 99 têtes coupées
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Et le roi, au premier regard qu’il jeta sur le père et la mère de l’adolescent, s’émerveilla à la limite de l’émerveillement, et dit : « Si ceux-ci sont des esclaves, comment peuvent être les rois ? » Et il leur demanda : « Et vous êtes tous deux les esclaves et la propriété de ce bel adolescent ? » Et ils répondirent : « Nous sommes, en vérité, ses esclaves et sa propriété, par tous les liens, ô roi du temps ! » Alors il se tourna vers le jeune homme et lui dit : « Estime toi-même sur moi le prix qui te convient pour la vente de ces deux captifs qui n’ont point leurs pareils dans la demeure des rois. » Et le jeune homme dit : « Ô mon maître, il n’y a pas de trésor qui puisse me dédommager de la perte de ces deux captifs. C’est pourquoi je ne te les céderai pas au poids de l’or et de l’argent ; mais je les remettrai entre tes mains, comme un dépôt, jusqu’au jour que fixera le sort. Et je ne veux te demander, comme prix de cette cession temporaire, qu’une chose qui soit aussi précieuse dans son genre qu’ils le sont tous deux parmi les créatures d’Allah. Je te demanderai, en effet, pour la cession du captif, un cheval qui soit le plus beau de tes écuries, tout sellé, bridé et harnaché ; et je te demanderai, pour la cession de la captive, un équipement comme en portent les fils des rois. Et je mets comme condition que le jour où je te rapporterai le cheval et l’équipement, tu me rendras les deux captifs, qui auront été une bénédiction pour toi et pour ton royaume. » Et le sultan répondit : « Qu’il soit fait selon ton souhait ! » Et, à l’heure et à l’instant, il fit sortir des écuries et donner au jeune homme le plus beau cheval qui ait