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histoire de l’adultérin… (troisième fou)
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sur l’endroit où je reposerai. Penche-toi, mon fils, pour que je te donne le moyen d’arriver à tes fins. »

Et moi, ô mon seigneur, je me penchai vers mon maître, qui me frotta les paupières avec une sorte de kohl en poudre noire très fine, et me dit : « Ô mon ancien disciple, te voici devenu, grâce aux vertus de ce kohl, invisible aux yeux des hommes. Et tu peux maintenant, sans crainte, satisfaire tous tes désirs ! Et que la bénédiction d’Allah soit sur ta tête et te préserve, dans la mesure du possible, des embûches des maudites qui jettent le trouble parmi les élus de la Solitude ! »

Et, ayant ainsi parlé, mon vénérable maître fut comme s’il n’avait jamais été. Et moi je me hâtai de l’ensevelir dans une fosse que je creusai sous la cahute où il avait vécu, — qu’Allah l’admette dans Sa miséricorde, et lui donne une place de choix ! Après quoi, je me hâtai de m’envoler vers le palais de la fille du sultan.

Or, comme j’étais invisible à tous les yeux, j’entrai dans le palais sans être aperçu et, poursuivant mon chemin, je pénétrai dans le harem et allai tout droit à la chambre de la princesse. Et je la trouvai couchée dans son lit, faisant la sieste, et n’ayant sur elle, pour tout vêtement, qu’une chemise en tissu de Mossoul. Et moi, ô mon seigneur, qui de ma vie n’avais encore eu l’occasion de voir la nudité d’une femme, je fus dans un émoi qui acheva de me faire oublier toutes les sagesses et tous les préceptes. Et je m’écriai : « Allah ! Allah ! » Et cela fut lancé d’une voix si forte que la jeune fille ouvrit à demi les yeux, en poussant un soupir d’éveil, et en se