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les mille nuits et une nuit

naire : « Je ne sais pas, mais, par Allah ! je ne puis aujourd’hui enfoncer le douzième épieu ! » Et elle s’écria : « Comment ? comment ? Mais ce douzième-là est le plus nécessaire ! Les autres ne comptent pas ! » Et je lui dis : « Impossible, impossible ! » Alors elle se mit à rire, et me dit : « Il te faut du repos ! Nous te le donnerons ! » Et je n’en entendis pas davantage. Car les forces m’abandonnèrent, ya sidi, et je roulai sur le sol comme un âne sans licol.

Et quand je me réveillai de mon évanouissement, je me vis enchaîné dans ce maristân, en compagnie de mes camarades, ces deux honorables jeunes gens. Et les gardiens, interrogés, me dirent : « C’est pour ton repos ! c’est pour ton repos ! » Or moi, par ta vie, ô mon seigneur le sultan, je me sens maintenant bien reposé et ragaillardi, et je demande de ta générosité d’arranger ma réunion avec l’adolescente du parfait amour. Quant à te dire son nom ou sa qualité, cela dépasse mes connaissances. Et je t’ai raconté tout ce que je savais. Et telle est, dans son ordre et l’arrangement de ses péripéties, mon histoire telle qu’elle s’est passée. Mais Allah est plus savant ! »

— Lorsque le sultan Mahmoud et son vizir, l’ancien sultan-derviche, eurent entendu cette histoire du second jeune homme, ils s’émerveillèrent à la limite de l’émerveillement de l’ordre et de la clarté avec lesquels elle leur avait été racontée. Et le sultan dit au jeune homme : « Par ma vie ! même si le motif de ton emprisonnement n’avait pas été illicite,