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histoire de l’adultérin… (deuxième fou)
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ni l’étau adaptable d’où il sortit plus invulnérable et plus considérable, ni enfin l’auberge de mon père Mansour, plus chaude qu’un four, et d’où il sortit plus gros et plus lourd qu’un topinambour.

Et nous ne cessâmes la lutte, ô mon seigneur le sultan, qu’avec l’apparition du matin, pour réciter la prière et aller au bain.

Et, lorsque nous fûmes sortis du hammam et réunis pour le repas du matin, l’adolescente du parfait amour me dit : « Par Allah, ô timbale, tu as vraiment excellé, et le sort m’a favorisé qui m’a fait jeter sur toi mon dévolu. Or, maintenant il s’agit de rendre licite notre union. Qu’en penses-tu ? Veux-tu rester avec moi, selon la loi d’Allah, ou veux-tu renoncer pour toujours à me revoir ? » Et moi je répondis : « Plutôt subir la mort rouge que de ne plus me réjouir de ce visage de blancheur, ô ma maîtresse ! » Et elle me dit : « En ce cas, sur nous le kâdi et les témoins ! » Et elle fit appeler le kâdi et les témoins, séance tenante, et écrire sans retard notre contrat de mariage. Après quoi, nous prîmes ensemble notre premier repas, et nous attendîmes que notre digestion fût terminée, et que tout risque de mal de ventre fût évité, pour recommencer nos ébats et nos divertissements, et unir la nuit avec le jour.

Et je vécus de cette vie-là, ô mon seigneur, avec l’adolescente du parfait amour pendant trente nuits et trente jours, rabotant ce qu’il y avait à raboter, et limant ce qu’il y avait à limer, et farcissant ce qu’il y avait à farcir, jusqu’à ce qu’un jour, pris d’une sorte de vertige, il m’échappa de dire à ma parte-