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histoire de l’adultérin… (deuxième fou)
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Islam, ayant eu, par la bouche même du chef de la tribu, l’explication de ce tintamarre, m’en demanda la confirmation. Et je l’assurai que j’étais, en effet, le cousin, de père et de mère, de tous ces gens, et que j’étais moi-même le fis d’un bateleur, conducteur de singe ; et je lui répétai toutes les paroles du rôle que m’avait appris l’adolescente, et que tu connais déjà, ô roi du temps. Et le Cheikh al-Islam, devenu bien changé de teint et bien indigné, me dit : « Tu ne peux plus rester dans la maison et dans la famille du Cheikh al-Islam, car je craindrais qu’on te crachât au visage, et qu’on te traitât avec moins d’égards qu’un chien de chrétien ou qu’un porc de juif. » Et moi je commençai par répondre : « Par Allah, je ne divorcerai pas d’avec mon épouse, même si tu m’offres le royaume de l’Irak ! » Et le Cheikh al-Islam, qui savait bien que le divorce par force était défendu par la Schariat, me prit à part et me supplia, par toutes sortes de paroles conciliantes, de consentir à ce divorce, en me disant : « Voile mon honneur, et Allah voilera le tien ! » Et moi je finis par condescendre à accepter le divorce, et je prononçai, par devant témoins, en parlant de la fille du Cheikh al-Islam : « Je la répudie une fois, deux fois, trois fois, je la répudie ! » Or, c’était là la formule du divorce irrévocable. Et, l’ayant prononcée, parce que j’en étais instamment requis par le père lui-même, je me trouvais, du même coup, libéré de la redevance de la rançon et du douaire, et délivré du plus épouvantable cauchemar qui eût pesé sur la poitrine d’un être humain.

Et, sans prendre le temps de saluer celui qui avait été pendant une nuit le père de mon épouse, je