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les mille nuits et une nuit

numération considérable. Et, ayant obtenu de lui la promesse de son concours, je le précédai au palais du Cheikh al-Islam, père de mon épouse, auprès duquel je montai m’asseoir sur le perron de la cour.

Et je n’étais pas là depuis une heure à deviser avec lui, en buvant des sorbets, que soudain, par la grande porte laissée ouverte, fit son entrée, précédée par quatre saltimbanques marchant sur la tête, et par quatre funambules marchant sur le bout des orteils, et par quatre bateleurs marchant sur les mains, au milieu d’un charivari extraordinaire, toute la tribu tambourinante, tamtamante, tintamarrante, hurlante, dansante, gesticulante et bariolée de la nigauderie qui tenait ses assises au pied de la citadelle. Et ils étaient tous là, les conducteurs de singes avec leurs animaux, les montreurs d’ours avec leurs plus beaux sujets, les bouffons avec leurs oripeaux, les charlatans avec leurs hauts bonnets de feutre, et les instrumentistes avec leurs bruyants instruments dont s’exhalait un immense hourvari. Et ils vinrent se ranger, en bon ordre, dans la cour, les singes et les ours au milieu d’eux, et chacun œuvrant à sa manière. Mais soudain résonna un violent coup de tabbl, et tout le vacarme tomba comme par enchantement. Et le chef de la tribu s’avança jusqu’au pied des marches, et, au nom de tous mes parents assemblés, me harangua d’une voix magnifique, en me souhaitant prospérité et longue vie, et en me tenant le discours que je lui avais appris.

Et, effectivement, ô mon seigneur, tout se passa comme l’avait prévu l’adolescente. Car le Cheikh al--