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histoire de l’adultérin… (deuxième fou)
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infirmités, ses difformités, ses malformations, ses maux, ses laideurs, et autres choses semblables. Et il y était également stipulé que si, pour une raison ou pour une autre, je divorçais d’avec elle, je devais lui payer, comme rançon de divorce, et comme douaire, vingt bourses de mille dinars d’or. Et moi, bien entendu, j’acceptai de tout cœur les conditions. Et j’eusse d’ailleurs accepté des clauses bien autrement désavantageuses.

Or, après l’écriture du contrat, mon oncle, père de mon épouse, me dit : « Ô un tel, c’est dans ma maison qu’il vaut mieux consommer le mariage, et établir ton domicile conjugal. Car le transport de ton épouse infirme, d’ici à ta maison lointaine, présenterait de graves inconvénients. » Et moi je répondis : « J’écoute et j’obéis ! » Et en moi-même je brûlais d’attente, et me disais : « Par Allah ! est-il vraiment possible que moi, l’obscur marchand, je sois devenu le maître de cette adolescente du parfait amour, la fille du vénéré Cheikh al-Islam ? Et est-ce vraiment moi qui vais me réjouir de sa beauté, et en prendre à mon aise avec elle, et manger mon plein de ses charmes cachés, et en boire mon plein, et m’en dulcifier jusqu’à satiété ? »

Et, lorsqu’enfin la nuit fut venue, je pénétrai dans la chambre nuptiale, après avoir récité la prière du soir et, le cœur battant d’émotion, je m’approchai de mon épouse et levai le voile de dessus sa tête et lui découvris le visage. Et je regardai avec mon âme et mes yeux.

Et — qu’Allah confonde le Malin, ô mon seigneur le sultan, et qu’il ne te rende jamais témoin d’un