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histoire de l’adultérin… (deuxième fou)
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et sur tout ce qui en toi peut être vu, senti ou touché. Et bien heureux celui qui peut te voir, te sentir et te toucher ! »

Et je restai anéanti d’émotion, ivre d’une ivresse mortelle.

Alors l’adolescente d’amour me regarda avec un sourire de ses yeux longs, et me dit : « Hélas ! hélas ! pourquoi mon père me déteste-t-il donc tellement pour m’attribuer toutes les laideurs que je t’ai énumérées ? Car c’est mon père, lui-même, et non pas un autre, qui m’a toujours fait croire à toutes ces prétendues horreurs de ma personne. Mais loué soit Allah qui me prouve le contraire par ton entremise ! Car maintenant je suis persuadée que mon père ne m’a point trompée, mais qu’il est sous le coup d’une hallucination qui lui fait voir tout en laid autour de lui. Et, pour ce qui me regarde, il est prêt, pour se débarrasser de ma vue qui lui pèse, à me vendre comme une esclave au marchand d’esclaves de rebut. » Et moi, ô mon seigneur, je m’écriai : « Et qui donc est ton père, ô souveraine de la beauté ? » Elle me répondit : « C’est le Cheikh al-Islam, en personne ! » Et moi, enflammé, je m’écriai : « Hé, par Allah ! plutôt que de te vendre au marchand d’esclaves, ne consentirait-il pas à te marier avec moi ? » Elle dit : « Mon père est un homme intègre et consciencieux. Et, comme il s’imagine que sa fille est un monstre repoussant, il ne voudrait pas avoir sur la conscience son union avec un jeune homme tel que toi ! Mais peut-être que tu pourras, tout de même, essayer de lui faire ta demande. Et je vais, dans ce but, t’indiquer les moyens qui te