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histoire de l’adultérin… (premier fou)
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te faire des reproches sur ta conduite ; car le passé appartient au Maître du Ciel, et le présent seul nous appartient. C’est pourquoi je souhaite, à présent, que tu te réconcilies avec ce jeune homme, ton époux, qui est un jeune homme possédant des qualités précieuses de fond, et qui, ne te gardant aucune rancune, ne demande pas mieux que de rentrer dans tes bonnes grâces. D’ailleurs, je te jure, par les mérites de mon défunt oncle le sultan, ton père, que ton époux n’a point commis de faute grave contre la pudeur conjugale. Et il a déjà bien durement expié la faiblesse d’un moment ! J’espère donc que tu ne repousseras pas ma demande ! » Et l’adolescente répondit : « Les souhaits de notre maître le sultan sont des ordres, et ils sont sur notre tête et nos yeux. » Et le sultan se réjouit beaucoup de cette solution, et dit : « Puisqu’il en est ainsi, ô fille de l’oncle, je nomme ton époux mon premier chambellan. Et il sera désormais mon commensal et mon compagnon de coupe. Et ce soir même je te l’enverrai afin que, sans témoins gênants, vous réalisiez tous deux la réconciliation promise. Mais, pour le moment, permets-moi de l’emmener, car nous avons à écouter ensemble les histoires de ses deux compagnons de chaîne ! » Et il se retira, en ajoutant : « Il est, bien entendu, convenu entre vous deux que désormais tu le laisseras aller et venir librement, sans bandeau sur les yeux et, de son côté, il promet que jamais plus il ne se laissera, sous aucun prétexte, embrasser par une femme, mariée ou jeune fille. »

— Et telle est, ô Roi fortuné, continua Schahrazade, la