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histoire de l’adultérin… (premier fou)
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avec lui les rues de la ville, de l’orient à l’occident et de la droite à la gauche, jusqu’à ce qu’il puisse trouver l’entrée de la rue où la vieille avait coutume de lui bander les yeux. Et alors nous lui banderons les yeux, et il se rappellera le nombre de pas qu’il faisait en compagnie de la vieille, et nous fera arriver de la sorte devant la porte de la maison, à l’entrée de laquelle on lui ôtait le bandeau. Et là, Allah nous éclairera sur la conduite à tenir en cette délicate affaire. » Et le sultan dit : « Qu’il soit fait selon ton conseil, ô mon vizir plein de sagacité. » Et ils se levèrent tous deux à l’instant, firent tomber les chaînes du jeune homme, et l’emmenèrent hors du maristân.

Et tout arriva suivant les prévisions du vizir. Car, après avoir parcouru un grand nombre de rues de divers quartiers, ils finirent par arriver à l’entrée de la rue en question, que le jeune homme reconnut sans difficulté. Et, les yeux bandés comme autrefois, il sut calculer ses pas, et les fit s’arrêter devant un palais dont la vue jeta le sultan dans la consternation. Et il s’écria : « Éloigné soit le Malin, ô mon vizir ! Ce palais est habité par une épouse d’entre les épouses de l’ancien sultan du Caire, celui qui m’a laissé le trône, faute d’enfants mâles dans sa postérité. Et cette épouse de l’ancien sultan, père de ma femme, habite ici avec sa fille, qui doit être certainement l’adolescente qui a épousé ce jeune homme ! Allah est le plus grand, ô vizir ! Il est donc écrit dans la destinée de toutes les filles de rois d’épouser des rien du tout, comme nous l’avons été nous-mêmes ! Les décrets du Rétributeur sont toujours motivés, mais