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histoire de l’adultérin… (premier fou)
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midi, comme j’étais dans ma boutique, avec la permission de mon épouse, et que je dirigeais mes regards vers la rue, j’aperçus une jeune fille voilée qui s’avançait de mon côté, ostensiblement. Et lorsqu’elle fut devant ma boutique, elle me jeta le plus gracieux salam, et me dit : « Ô mon maître, voici un coq d’or orné de diamants et de pierres précieuses, que j’ai offert en vain, pour le prix coûtant, à tous les marchands du souk. Mais ce sont des gens sans goût ni délicatesse d’appréciation, car ils m’ont répondu qu’une telle joaillerie n’était pas de vente facile, et qu’ils ne pourraient pas la placer avantageusement. C’est pourquoi je viens te l’offrir, à toi qui es un homme de goût, pour le prix que tu voudras bien me fixer toi-même ! » Et moi, je répondis : « Je n’ai nul besoin de ce joyau, moi non plus. Mais, pour te faire plaisir, je t’en offre cent dinars, pas un de plus, pas un de moins. » Et la jeune fille répondit : « Prends-le donc, et qu’il te soit un marché avantageux ! » Et moi, quoique je n’eusse réellement aucun désir d’acquérir ce coq d’or, je réfléchis cependant que cette figure pourrait faire plaisir à mon épouse, en lui rappelant mes qualités de fond, et j’allai vers mon armoire, et pris les cent dinars du marché. Mais lorsque je voulus les offrir à la jeune fille, elle les refusa en me disant : « En vérité, ils ne me sont d’aucune utilité, et je ne désire d’autre paiement que le droit de prendre un seul baiser sur ta joue. Et c’est là mon unique souhait, ô jeune homme ! » Et moi je me dis en moi-même : « Par Allah ! un seul baiser de ma joue pour un bijou qui vaut plus de mille dinars d’or, c’est là un