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les mille nuits et une nuit

mettrai profondément dans le coin le plus obscur de ma mémoire. » Et la jeune négresse, tremblante d’effroi, me répondit : « Ô mon maître, l’histoire de ma maîtresse est une chose tout à fait extraordinaire ; mais je craindrais, si je te la révélais, d’être mise à mort sans recours ni délai ! Tout ce que je puis te dire, c’est qu’elle t’a remarqué un jour, dans le souk, et qu’elle t’a choisi par pur amour. » Et je ne pus rien en tirer de plus que ces quelques mots. Et même, comme j’insistais, elle me menaça d’aller rapporter à sa maîtresse ma tentative de provocation aux paroles indiscrètes. Alors, je la laissai s’en aller en sa voie, et je m’en retournai auprès de mon épouse engager une escarmouche sans importance.

Et ma vie s’écoulait de la sorte, dans les plaisirs violents et les tournois d’amour, quand, une après-midi, comme j’étais dans ma boutique, avec la permission de mon épouse, et que je dirigeais mes regards vers la rue, j’aperçus une jeune fille voilée…

— À ce moment de sa narration, Schahrazade vit apparaître le matin et, discrète, se tut.

MAIS LORSQUE FUT
LA HUIT CENT TRENTE-SIXIÈME NUIT

Elle dit :

… Et ma vie s’écoulait de la sorte, dans les plaisirs violents et les tournois d’amour, quand, une après--