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histoire de l’adultérin… (premier fou)
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gnol moduleur, le père au gros cou, le père aux gros nerfs, le père aux gros œufs, le père au turban, le père au crâne chauve, le père aux secousses, le père aux délices, le père des terreurs, le coq sans crête ni voix, l’enfant de son père, l’héritage du pauvre, le muscle capricieux, et le gros nerf de confiture. Et je crois bien, ô mon seigneur le sultan, que ce soir-là chaque surnom fut accompagné de son explication, chaque vertu de sa preuve, et chaque attribut de sa démonstration. Et nous ne nous arrêtâmes dans nos travaux que parce que la nuit était déjà écoulée, et qu’il fallait nous lever pour la prière du matin.

Et nous continuâmes à vivre ensemble de la sorte, ô roi du temps, pendant vingt nuits consécutives, à la limite de l’enivrement et de la félicité. Et, au bout de ce temps, le souvenir de ma mère vint s’offrir à mon esprit, et je dis à l’adolescente mon épouse : « Ya setti, voici déjà longtemps que je suis absent de la maison, et ma mère, qui n’a point de mes nouvelles, doit être dans une grande inquiétude à mon sujet. De plus, les affaires de mon commerce ont dû bien souffrir de la fermeture de ma boutique pendant tous ces jours passés. Et elle me répondit : « Qu’à cela ne tienne ! Et je consens de bon cœur à ce que tu ailles voir ta mère et la tranquilliser. Et tu peux même désormais y aller chaque jour et vaquer à tes affaires, si cela te fait plaisir ; mais j’exige que la vieille dame te conduise chaque fois et te ramène. » Et moi je répondis : « Il n’y a point d’inconvénient ! » Sur ce, la vieille dame vint à moi, me mit un foulard sur les yeux, me conduisit à l’endroit