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les mille nuits et une nuit

mam à mon intention, et de m’y conduire. Et les jeunes filles me firent entrer dans une salle de bain parfumée à l’aloès de Comorin, et me confièrent aux laveuses qui me dévêtirent et me frottèrent et me donnèrent un bain qui me rendit plus léger que les oiseaux. Puis elles répandirent sur moi les parfums les plus exquis, me couvrirent d’une riche parure et me présentèrent des rafraîchissements et des sorbets de toute espèce. Après quoi elles me firent quitter le hammam et me conduisirent dans la chambre intime de ma nouvelle épouse, qui m’attendait parée de sa seule beauté.

Et aussitôt elle vient à moi, et me prit, et se renversa sur moi, et me frotta avec une passion étonnante. Et moi, ô mon seigneur, je sentis mon âme qui se logeait toute dans ce que tu sais, et j’accomplis l’ouvrage pour lequel j’étais requis et la besogne dont j’avais la commande, et je réduisis ce qui jusque-là était du domaine de l’irréductible, et j’abattis ce qui était à abattre, et je ravis ce qui était à ravir, et je pris ce que je pus, et je donnai ce qu’il fallut, et je me levai, et je m’étendis, et je fonçai, et je défonçai, et j’enfonçai, et je forçai, et je farcis, et j’amorçai, et je renfonçai, et j’agaçai, et je grinçai, et je renversai, et j’avançai et je recommençai, et tellement, ô mon seigneur le sultan, que, ce soir-là, Celui que tu sais fut réellement le gaillard qu’on nomme le bélier, le forgeron, l’assommeur, le calamiteux, le long, le fer, le pleureur, l’ouvreur, l’encorneur, le frotteur, l’irrésistible, le bâton du derviche, l’outil prodigieux, l’éclaireur, le borgne assaillant, le glaive du guerrier, l’infatigable nageur, le rossi-