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les mille nuits et une nuit

vèrent ainsi placées, en bon ordre, devant leurs carreaux respectifs.

Et, voici ! sous un dais porté par dix lunes de beauté, une adolescente parut à l’entrée de la salle, si éblouissante dans sa blancheur et l’éclat de ses yeux noirs, que mes yeux se fermèrent d’eux-mêmes. Et lorsque je les ouvris, je vis près de moi la vieille dame, ma conductrice, qui m’invitait à l’accompagner pour qu’elle me présentât à l’adolescente, qui était déjà nonchalamment couchée sur le tapis central, au milieu des cinquante jeunes filles debout sur les carreaux de brocart. Mais moi, ce ne fut point sans une grande appréhension que je me vis en butte aux regards de ces cinquante et une paires d’yeux noirs, et je me dis : « Il n’y a de puissance et de recours qu’en Allah le Glorieux, le Très-Haut ! Il est évident que c’est ma mort qu’elles désirent ! »

Or, lorsque je fus entre ses mains, la royale adolescente me sourit, me souhaita la bienvenue et m’invita à m’asseoir près d’elle sur le tapis. Et, bien confus et bien interdit, je m’assis pour lui obéir, et elle me dit : « Ô jeune homme, que dis-tu de moi et de ma beauté ? Et penses-tu que je pourrai être ton épouse ? » Et moi, à ces paroles, étonné à l’extrême limite de l’étonnement, je répondis : « Ô ma maîtresse, comment oserais-je me croire digne d’une telle faveur ? En vérité je ne m’estime pas à un prix assez haut pour devenir un esclave, ou moins encore, entre tes mains ! » Mais elle reprit : « Non, par Allah, ô jeune homme, mes paroles ne contiennent aucune tromperie, et il n’y a rien d’évasif dans mon langage, qui est sincère. Réponds-moi donc