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les mille nuits et une nuit

jusqu’aux confins du Maghreb, et depuis les montagnes du Khorassân et la mer occidentale jusqu’aux limites profondes de l’Inde et de l’Afghanistân.

Or, un jour qu’il se promenait avec Ahmad Ibn-Hamdoun le conteur, son intime et préféré compagnon de coupe, celui-là même à qui nous devons la transmission orale de tant de belles histoires et de poèmes merveilleux de nos pères anciens, il arriva devant une demeure d’apparence seigneuriale, enfouie délicieusement au milieu des jardins, et dont l’harmonieuse architecture disait les goûts de son propriétaire, bien plus délicatement que ne l’eût fait la langue la plus éloquente. Car, pour qui avait, comme le khalifat, les yeux sensibles et l’âme attentive, cette demeure était l’éloquence même.

Et, comme ils s’étaient tous deux assis sur le banc de marbre qui faisait face à la demeure, et qu’ils s’y reposaient de leur promenade en respirant la brise qui s’en venait vers eux embaumée de l’âme des lys et des jasmins, ils virent apparaître devant eux, sortis de l’ombre du jardin, deux adolescents beaux comme la lune à son quatorzième jour. Et ils causaient entre eux, sans remarquer la présence des deux étrangers assis sur le banc de marbre. Et l’un disait à son compagnon : « Fasse le ciel, ô mon ami, qu’en ce jour de splendeur, des hôtes de hasard viennent visiter notre maître ! Il est attristé que l’heure du repas soit arrivée sans que personne soit là pour lui tenir compagnie, alors que d’ordinaire il a toujours à ses côtés des amis et des étrangers qu’il régale avec délices et qu’il héberge magnifiquement ! » Et l’autre adolescent répondit : « Certes !