d’enfant mâle, et, comme j’étais marié avec sa fille aînée, il me légua son trône. Et je devins ce que je suis, ô mon frère. Et Allah est le plus grand. Et de Lui nous procédons et vers Lui nous retournerons ! »
Et le sultan Mahmoud, ayant ainsi raconté son histoire à son nouvel ami le sultan-derviche, le vit extrêmement étonné d’une aventure si singulière, et lui dit : « Ne t’étonne pas, ô mon frère ; car tout ce qui est écrit doit courir, et rien n’est impossible à la volonté de Celui qui a tout créé ! Et maintenant que je me suis montré à toi en toute vérité, sans craindre de me diminuer à tes yeux en te révélant mon humble origine, et précisément pour que mon exemple te soit une consolation, et pour que tu ne te croies pas inférieur à moi en rang et en valeur individuelle, tu peux être mon ami, en toute tranquillité ; car jamais je ne me croirai le droit, après ce que je t’ai raconté, de m’enorgueillir de ma situation vis-à-vis de toi, ô mon frère ! » Puis il ajouta : « Et pour que ta situation soit plus régulière, ô mon frère d’origine et de rang, je te nomme mon grand-vizir. Et tu seras ainsi mon bras droit, et le conseiller de mes actes ; et rien ne se fera dans le royaume sans ton entremise et sans que ton expérience l’ait d’avance approuvé ! »
Et, sans plus tarder, le sultan Mahmoud convoqua les émirs et les grands de son royaume, et fit reconnaître le sultan-derviche comme grand-vizir, et le revêtit lui-même d’une magnifique robe d’honneur, et lui confia le sceau du règne.