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histoire de l’adultérin… (le singe…)
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reur, et me dit : « Où est le billet de mon ami le Maghrébin Barbari ? » Et moi, alors, j’affermis mon cœur et, m’avançant, je lui tendis le billet qu’il déplia et lut, pendant que s’arrêtait la procession. Et il cria à quelqu’un que je ne voyais pas : « Ya Atrasch, viens ici ! » Et aussitôt, sortant de l’ombre, s’avança un messager tout équipé, qui embrassa la terre entre les mains du roi. Et le roi lui dit : « Va vite au Caire enchaîner le genni un tel, et me l’amène sans retard ! » Et le messager obéit, et disparut à l’instant.

Or, au bout d’une heure, il revint avec le jouvenceau enchaîné, qui était devenu horrible à regarder et hideux à dévisager. Et le roi lui cria : « Pourquoi, ô maudit, as-tu frustré cet adamite de sa bouchée ? Et pourquoi as-tu avalé la bouchée ? » Et il répondit : « La bouchée est encore intacte, et c’est moi qui l’ai préparée. » Et le roi dit : « Il faut que tu rendes à l’instant le bracelet-talisman à ce fils d’Adam, ou bien tu auras affaire à moi ! » Mais le genni, qui était un cochon obstiné, répondit avec hauteur : « Le bracelet est avec moi, et nul ne l’aura ! » Et, ce disant, il ouvrit une bouche comme un four, et y jeta le bracelet qui s’engouffra dans son intérieur.

À cette vue, le roi nocturne avança le bras et, se baissant, il saisit le genni par la nuque et, le faisant tournoyer comme une fronde, il le lança contre terre, en lui criant : « Ça t’apprendra ! » Et du coup il fit entrer sa longueur dans sa largeur. Puis il commanda à une des mains porte-flambeaux de retirer le bracelet de l’intérieur de ce corps sans vie,