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les mille nuits et une nuit

passage d’une troupe de personnages, que tu observeras avec attention. Et lorsque lu apercevras celui qui paraît être leur chef, tu lui remettras ce billet ; et il satisfera tes désirs ! » Puis il me donna les instructions nécessaires pour arriver à l’endroit dont il s’agissait, et ajouta : « Quant à la rémunération que tu me dois, tu me la donneras quand ton destin aura été accompli ! »

Alors moi, après avoir remercié le Maghrébin, je pris le billet et me mis en route vers l’endroit qu’il m’avait indiqué. Et je marchai, dans ce but, toute la nuit et tout le jour suivant et une partie de la seconde nuit. Et j’arrivai alors à une plaine déserte où il n’y avait, pour toute présence, que l’œil invisible d’Allah et l’herbe sauvage. Et je m’assis et attendis avec impatience ce qui allait m’arriver. Et j’entendis autour de moi comme un vol d’oiseaux de nuit que je ne voyais pas. Et l’effroi de la solitude commençait à faire trembler mon cœur, et l’épouvante de la nuit remplissait mon âme. Et voici que j’aperçus, tout à coup, à quelque distance, un grand nombre de flambeaux qui semblaient marcher d’eux-mêmes vers moi. Et bientôt je pus distinguer les mains qui les portaient ; mais les personnes à qui appartenaient ces mains restaient au fond de la nuit, et mes yeux ne les voyaient pas. Et un nombre infini de flambeaux, portés par des mains sans propriétaires, passèrent de la sorte deux à deux devant moi. Et enfin je vis, entouré d’un grand nombre de lumières, un roi sur son trône, revêtu de splendeur. Et, arrivé devant moi, il me regarda et me considéra, pendant que mes genoux s’entrechoquaient de ter-