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les mille nuits et une nuit

part et me dit : « Tout cela est bien, Mahmoud, mais maintenant j’exige de toi une promesse ! » Et je répondis : « Hé, par Allah ! quelle promesse peux-tu me demander qui soit plus grande que celle de te donner ma vie qui déjà t’appartient ! » Et il sourit et me dit : « Mahmoud ! Je ne veux pas que tu consommes le mariage, avant que je te donne la permission de pénétrer en elle. Car il y a quelque chose que je dois faire auparavant ! » Et je répondis : « Ouïr c’est obéir ! »

Aussi, lorsque vint la nuit de la pénétration, j’entrai chez la fille du sultan. Mais, au lieu de faire ce que fait l’époux en pareil cas, je m’assis loin d’elle, dans mon coin, malgré le désir. Et je me contentai seulement de la regarder de loin, en détaillant avec mes yeux ses perfections. Et j’agis de la sorte la seconde nuit et la troisième nuit, bien que chaque matin la mère de mon épouse vînt, selon l’usage, la questionner au sujet de sa nuit, lui disant : « J’espère d’Allah qu’il n’y a pas eu d’encombre et que la preuve est faite de ta virginité ! » Mais mon épouse répondait : « Il ne m’a rien fait encore ! » C’est pourquoi, au matin de la troisième nuit, la mère de mon épouse s’affligea à la limite de l’affliction, et s’écria : « Ô notre calamité ! pourquoi ton époux nous traite-t-il de cette manière humiliante, et persiste-t-il à s’abstenir de ta pénétration ? Et que vont penser de cette conduite injurieuse nos parentes et nos esclaves ? Et n’ont-elles pas le droit de croire que cette abstention est due à quelque motif dont l’aveu est difficile à faire, ou à quelque raison tortueuse ? » Et, pleine d’inquiétude, elle alla, ce matin du troi-