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histoire de l’adultérin… (le singe…)
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beauté exactement égale à celui du sultan, taillés en forme d’œuf de pigeon et purs comme l’œil du soleil. Et j’allai les présenter au sultan, en lui disant : « Ô mon maître, excuse-moi du peu. Mais je n’ai pu avoir un seul diamant, et j’ai dû te rapporter un lot de dix. Et tu peux choisir, et jeter ensuite ceux qui te déplairont ! » Et il fit ouvrir par le grand-vizir le petit coffret d’émail qui les contenait, et resta émerveillé de leur éclat et de leur beauté, et grandement surpris de voir qu’il y en avait réellement dix, tous pareils à celui qu’il possédait, exactement.

Et, lorsqu’il fut revenu de son étonnement, il se tourna vers le vizir et, sans lui adresser la parole, il lui fit de la main un geste qui signifiait : « Que dois-je faire ? » Et le vizir répondit, de la même manière, par un geste qui voulait dire : « Il faut lui accorder ta fille ! »

Et aussitôt les ordres furent donnés pour qu’on fît tous les préparatifs de notre mariage. Et on manda le kâdi et les témoins, qui écrivirent le contrat de mariage, séance tenante. Et lorsque cet acte légal fut dressé, on me le remit, selon le cérémonial d’usage. Et, comme j’avais tenu à ce que le jouvenceau, que j’avais présenté au sultan comme mon proche parent, assistât à la cérémonie, je m’empressai de lui montrer le contrat afin qu’il le parcourût à ma place, vu que je ne savais moi-même ni lire ni écrire. Et, l’ayant lu à voix haute d’un bout à l’autre, il me le rendit, en me disant : « Il est fait selon les règles et selon la coutume. Et te voici licitement marié à la fille du sultan. » Puis il me prit à