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histoire de l’adultérin… (le singe…)
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louée à son propriétaire moyennant dix sacs de mille dinars d’or, le jouvenceau me dit : « Mahmoud ! comment n’as-tu pas honte, habillé de loques comme tu es, et le corps servant de refuge à toutes les variétés de puces et de poux, de t’approcher de moi et de vivre à côté de moi ? Et qu’attends-tu pour aller au hammam te purifier et améliorer ton état ? Car, pour ce qui est de l’argent, tu en as plus qu’il n’en faut aux sultans maîtres des empires. Et pour ce qui est des vêtements, tu n’as que l’embarras du choix ! » Et moi je répondis par l’ouïe et par l’obéissance, et me hâtai d’aller prendre un bain étonnant, et je sortis du hammam léger, parfumé et embelli.

Lorsque le jouvenceau me vit reparaître devant lui, transformé et habillé de vêtements de la plus grande richesse, il me considéra longuement, et parut satisfait de ma tournure. Puis il me dit : « Mahmoud ! c’est bien ainsi que je voulais que tu fusses. Viens maintenant t’asseoir près de moi ! » Et je m’assis près de lui, en pensant en mon âme : « Hé ! je crois bien que c’est le moment ! » Et je m’apprêtai à ne pas être en retard d’aucune manière et par n’importe quel endroit.

Or, au bout d’un moment, le jouvenceau me tapa amicalement sur l’épaule et me dit : « Mahmoud ! » Et je répondis : « Ya sidi ! » Il me dit : « Que penses-tu d’une jouvencelle fille de roi, plus belle que la lune du mois de Ramadân, qui deviendrait ton épouse ? » Je dis : « Je penserais, ô mon maître, qu’elle serait la bien venue ! » Il dit : « Dans ce cas, lève-toi, Mahmoud, prends ce paquet que voici, et va demander au sultan du Caire sa fille aînée en mariage !