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histoire compliquée de l’adultérin…
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ses pieds, mort. Et je le fis ramasser par mes fidèles servantes et enterrer en secret dans une fosse creusée par elles dans le jardin. Et, ce jour-là, le sultan ne mangea pas de poulet farci, et entra dans une grande colère à cause de la disparition inexpliquée de son cuisinier. Mais, neuf mois plus tard, jour pour jour, je te mis au monde, bien portant, comme tu continues à l’être. Et ta naissance fut une cause de joie pour le sultan, qui retrouva sa santé et son appétit, et combla de faveurs et de présents ses vizirs, ses favoris et tous les habitants du palais, et donna de grandes fêtes et des réjouissances publiques qui durèrent quarante jours et quarante nuits. Et telle est la vérité sur ta naissance, ta race et ton origine. Et je jure par le Prophète — sur Lui la prière et la paix ! — que je n’ai dit que ce que je savais. Et Allah est omniscient ! »

En entendant ce récit, le sultan se leva et sortit de chez sa mère, en pleurant. Et il entra dans la salle du trône, et s’assit par terre, en face du troisième généalogiste, sans dire un mot. Et les larmes continuaient à couler de ses yeux, et se glissaient dans les interstices de sa barbe qu’il avait fort longue. Et, au bout d’une heure de temps, il releva la tête et dit au généalogiste : « Par Allah sur toi, ô bouche de vérité, dis-moi comment tu as pu découvrir que j’étais un adultérin de mauvaise qualité ! » Et le généalogiste répondit : « Ô mon maître, lorsque chacun de nous trois eut prouvé les talents qu’il possédait, et que tu fus extrêmement satisfait, tu ordonnas qu’il nous fût donné pour récompense une double ration de viande et de pain, et de l’eau à discrétion.