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histoire compliquée de l’adultérin…
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cieuses, mais elle contient un ver dans son cœur ! »

Et le sultan, à ces paroles, sentit la fureur lui remplir le nez, et s’écria : « Que dis-tu là, ô fils d’entremetteur ? Ne sais-tu que cette pierre est d’une eau admirable, transparente à souhait et pleine d’éclat, et qu’elle me vient en cadeau d’un roi d’entre les rois ? » Et, n’écoutant que son indignation, il appela le fonctionnaire du pal, et lui dit : «  « Perce le fondement de cet indigne menteur ! » Et le fonctionnaire du pal, qui était un géant extraordinaire, saisit le généalogiste et l’enleva comme un oiseau, et se mit en devoir de l’embrocher, en lui perçant ce qu’il y avait à percer, quand le grand-vizir, qui était un vieillard plein de prudence et de modération et de bon sens, dit au sultan : « Ô roi du temps, certes ! cet homme a dû exagérer ses mérites, et l’exagération en tout est condamnable. Mais peut-être que ce qu’il a avancé n’est pas tout à fait dénué de vérité, et, dans ce cas, sa mort ne serait pas suffisamment justifiée devant le Maître de l’univers. Or, ô mon seigneur, la vie d’un homme quel qu’il soit est plus précieuse que la pierre la plus précieuse, et pèse davantage dans la balance du Peseur ! C’est pourquoi il vaut mieux différer le supplice de cet homme jusques après la preuve. Et la preuve ne peut être obtenue qu’en brisant cette pierre en deux. Et alors si le ver se trouve dans le cœur de cette pierre, l’homme sera justifié ; mais si la pierre est intacte et sans carie interne, le châtiment de cet homme sera prolongé et accentué par le fonctionnaire du pal. »

Et le sultan, ayant reconnu la justesse des paroles de son grand-vizir, dit : « Qu’on partage cette pierre