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histoire compliquée de l’adultérin…
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Anazeh ou de la tribu des Mouteyr ou de chez les Beni-Khaled ou de la tribu des Dafir ou du Jabal-Schammar. Et je puis deviner, à coup sûr, s’il a été élevé sur les hauts plateaux du Nejed ou au milieu des pâturages des Nefouds, et s’il est de la race des Kehilân El-Ajouz, ou des Seglawi-Jedrân, ou des Seglawi-Scheyfi, ou des Hamdani-Simri ou des Kehilân El-Krousch. Et je puis dire la distance exacte, en pieds, que peut parcourir ce cheval en un temps donné, soit au galop, soit à l’amble, soit au trot accéléré. Et je puis révéler les maladies cachées de la bête et ses maladies futures, et dire de quel mal sont morts le père, la mère et les ancêtres jusqu’à la cinquième génération ascendante. Et je puis guérir les maladies chevalines réputées incurables, et remettre sur pied une bête à l’agonie. Et voilà, ô roi du temps, une partie seulement de ce que je sais, car je n’ose, craignant d’exagérer mes mérites, t’énumérer les autres détails de ma science. Mais Allah est plus savant ! » Et, ayant ainsi parlé, il baissa les yeux avec modestie, en s’inclinant devant le sultan.

Et le sultan, entendant et écoutant, s’écria : « Par Allah ! être savant à la fois et chenapan, quel prodige étonnant ! Mais je saurai bien contrôler son dire et éprouver sa science généalogique ! » Puis il se tourna vers le troisième généalogiste et lui demanda : « Et toi, ô troisième, quelle est ta profession ? »

Et le troisième mangeur de haschich, qui était le plus subtil des trois, répondit, après les hommages rendus : « Ô roi du temps, ma profession est la plus noble sans conteste, et la plus difficile. Car si mes compagnons, ces deux savants-là, sont des généalo-