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les mille nuits et une nuit

MAIS LORSQUE FUT
LA SEPT CENT QUATRE-VINGT-CINQUIÈME NUIT

Elle dit :

… Et il le conduisit à sa maison, où il le fêta par une réception somptueuse et un splendide festin. Et, après la levée des plateaux des mets et des boissons, une esclave leur servit les sorbets qu’avait préparés de ses propres mains l’hôtesse adolescente. Toutefois, malgré le désir qu’elle en avait, elle ne voulut point enfreindre les usages des réceptions où les femmes ne prennent jamais part aux repas, et resta dans le harem. Et il lui fallut attendra là que sa ruse produisît son effet.

Or, à peine Kamar et son hôte avaient-ils goûté au délicieux sorbet, qu’ils tombèrent tous deux dans un profond sommeil : car l’adolescente avait pris soin de jeter dans les coupes une poudre somnifère. Et l’esclave qui les servait se retira aussitôt qu’elle les vit étendus sans mouvement.

Alors l’adolescente, vêtue de sa chemise seulement, et préparée tout entière comme pour la première entrée nuptiale, souleva la portière et pénétra dans la salle du festin. Et quiconque eût vu cette adolescente dans sa beauté, avec ses yeux chargés d’assassinats, se serait senti le cœur émietté et la raison envolée. Elle s’avança donc jusqu’à Kamar,