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les mille nuits et une nuit

voir ! » Et elle la prit, la regarda en souriant et dit ; « Je voudrais bien la garder ! » Il dit : « Qui sait ? Il est bien capable de me la laisser, comme il a fait pour sa sœur ! »

Pendant ce temps, Kamar étant allé se concerter avec l’épouse du barbier sur ce qui s’était passé et ce qu’il y avait à faire. Et il lui remit quatre cents dinars d’or pour son époux le barbier, ce pauvre ! Et elle lui dit : « Mon fils, ton affaire est dans la meilleure voie. Lorsque tu verras le joaillier, ne reprends point la bague commandée ; mais plutôt feins qu’elle est trop grande et laisse-la lui en cadeau. Puis remets-lui une autre pierre précieuse, de celles qui valent près de neuf cents dinars pièce ; et, en attendant que le travail soit achevé, donne cent dinars pour le maître et trois pour chacun des apprentis. Et n’oublie pas mon fils, en revenant me rendre compte de la marche de l’affaire, d’apporter à mon époux le barbier, ce pauvre ! de quoi s’acheter un morceau de pain ! Et qu’Allah te garde et prolonge tes jours précieux, ô fils de la générosité ! »

Or, Kamar suivit ponctuellement le conseil de la vendeuse de parfums. Et le joaillier ne trouva plus de mots ou d’expression pour peindre à sa femme la libéralité du bel étranger. Et elle lui dit, en essayant la nouvelle bague : « N’es-tu pas honteux, ô fils de l’oncle, de n’avoir pas encore invité dans ta maison un homme qui s’est montré si généreux envers toi ? Et pourtant tu n’es, grâce aux bienfaits d’Allah, ni avare ni issu d’une ascendance d’avares ; mais il me semble bien que tu manques quelquefois aux convenances ! Ainsi, il est absolument de ton devoir de