Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 12, trad Mardrus, 1903.djvu/95

Cette page a été validée par deux contributeurs.
histoire de kamar et de l’experte halima
89

pliments, lui présenta la bague. Et Kamar fit semblant de l’essayer, et dit ensuite : « Par Allah, ô maître Obeid, la bague est fort bien faite, mais elle est un peu étroite pour mon doigt. Tiens ! je te la donne afin que tu en fasses présent à n’importe laquelle des nombreuses esclaves de ton harem ! Et maintenant voici une autre gemme, que je préfère à la précédente et qui sera bien plus belle, montée simplement. ». Et, parlant ainsi, il lui remit une gemme de sept cents dinars d’or ; et, en même temps, il lui donna soixante dinars d’or pour lui, et deux pour chacun de ses apprentis, en disant : « Simplement pour vous rafraîchir d’un sorbet ! mais j’espère que, si le travail est promptement achevé, vous serez tous satisfaits de la manière dont il sera rémunéré ! » Et il sortit en distribuant, à droite et à gauche, des pièces d’or aux mendiants assemblés devant la porte de la boutique.

Lorsque le joaillier vit tant de libéralité chez son jeune client, il fut extrêmement surpris. Et, le soir, une fois rentré dans sa maison, il ne pouvait assez louer, devant son épouse, ce généreux étranger, dont il disait : « Par Allah ! il ne se contente pas d’être beau, comme ne le furent jamais les plus beaux, mais il a la paume ouverte des fils des rois ! » Et plus il parlait, plus il faisait davantage s’incruster dans le cœur de sa femme l’amour ressenti pour le jeune Kamar. Et lorsqu’il lui eut remis la bague, don de son client, elle la passa à son doigt lentement, et demanda : « Et ne t’en a-t-il pas commandé une seconde ? » Il dit : « Mais oui ! Et j’y ai travaillé tout le jour, tant, que la voici achevée. » Elle dit : « Fais